À l’ère de l’automatisation et de la vente à distance personnalisée, la question de la mécanisation de l’entreposage se pose toujours. Car malgré des risques et un investissement humain et financier important au départ, les gains de productivité qui en résultent sont parfois non négligeables. Pour les Cahiers Techniques de PSC, Édouard Staniczek, consultant manager pour le cabinet Elcimaï, fait le point sur les risques et les opportunités associés aux démarches de mécanisation dans l’entrepôt, ainsi que les axes de réflexion en la matière.
1-Pouvez-vous nous en dire plus sur la tendance à la mécanisation des entrepôts et de l’entreposage ? Quels gains en attendent les directions logistiques investies dans ce processus ?
Nous identifions deux grands types de fonctions plus souvent mécanisées dans l'entrepôt: la préparation de commandes, où l’on va principalement chercher à faire des gains de productivité sur la préparation de détail à fort volume ; le stockage, où l’enjeu majeur est de réduire la surface ou le volume occupé.
Ainsi, le B2C, notamment au travers de la vente à distance, a depuis longtemps été précurseur dans la mécanisation des entrepôts. Aujourd’hui, avec le développement du commerce électronique, de nouvelles entreprises arrivent sur le marché ou des enseignes jusqu’alors sur des schémas de distribution classiques modifient la configuration de leur logistique pour se positionner sur ce canal. Ces nouvelles activités rassemblent des caractéristiques favorables à la mécanisation : la préparation de commandes de détail avec des volumes à traiter importants.
De l’autre côté du spectre, les entreprises manipulant en nombre des charges palettisées sous fortes contraintes, par exemple sous température dirigée, vont chercher, par la mécanisation, à minimiser l’impact de l’investissement en bâtiment et les coûts d'exploitation en réduisant la surface et le volume de stockage.
Les entreprises industrielles et commerciales dont les activités répondent à ces caractéristiques, ou les prestataires logistiques agissant pour leur compte, sont les principaux acteurs amenés à mécaniser leurs process.
Au final, il y a trois facteurs prédominants qui caractérisent les opportunités de mécanisation d’un entrepôt :
1-La compétitivité, le coût de sa logistique
Un des leviers qui permet d’optimiser le prix de revient d’un article est de diminuer le coût de la logistique. Pour diminuer le coût de la logistique, il faut améliorer la productivité. La mécanisation peut apporter de 15 à 50% de gain de productivité sur des activités de type préparation de commandes de détail.
2-L’amélioration du taux de service, la réactivité
L’augmentation des fréquences de livraison est un paramètre qui augmente le nombre de lignes de commandes par article, avec comme effet inverse de diminuer les quantités par ligne de préparation. Ce phénomène est souvent lié à l’incapacité ou au refus du « client » de stocker chez lui. Dans la plupart des cas, la mécanisation apporte un meilleur taux de service en termes de qualité et de réactivité.
3-L’optimisation du foncier
Contrairement aux idées reçues, l’installation de transtockeurs ne se justifie pas par les gains de productivité qu’elle apporte. Une machine remplace au mieux 1 à 2 ETP, ce qui conduit à des retours sur investissement très longs. En revanche, elle permet de réduire l’emprise au sol et d’accroître la densité de stockage, ce qui favorise une meilleure utilisation du foncier et/ou une réduction des coûts d'exploitation.
La démarche de mécanisation implique de raisonner simultanément sur l’intérêt de mécaniser le process au vu de ses caractéristiques et sur les gains qu’elle va générer pour rentabiliser l’investissement. La mécanisation ne peut s’envisager que si elle est utile et rentable, à plus forte raison quand, comme c’est aujourd’hui le cas, la conjoncture économique est tendue.
2-Comment procéder par étapes et pertinemment pour mécaniser/automatiser son entreposage ? Quels sont les facteurs-clés de succès d’une telle entreprise
Avant de s’engager dans la mécanisation, il y a quelques étapes à respecter et quelques pièges à éviter. Il ne faut pas aller tout de suite à l’étude d’une solution, mais commencer par travailler sur l’organisation. Mécaniser une organisation défaillante ne donnera pas de bons résultats. La mécanisation est un moyen, un outil, mais ce n’est pas elle qui permet de définir l’activité et les enjeux stratégiques de l’entreprise (taux de service cible, coût cible, budget d’investissement).
La démarche classique repose sur 6 étapes :
1.Rassembler les données qui caractérisent l’activité. Il faut faire un état des lieux pour qualifier la volumétrie, les prévisions d’évolutions, les processus, les effectifs, …
2.« Benchmarker » ces chiffres afin de mettre en évidence « les postes lourds » sur lesquels des gains de performance sont possibles,
3.Challenger l’organisation en apportant, là où elles apparaissent utiles, des solutions mécanisées afin d’en mesurer l’intérêt,
4.Définir les premiers budgets d’investissement et calculer le ROI,
5.Définir un plan directeur qui donne un sens au site et à sa pérennité,
6.Entrer dans une démarche d’étude détaillée et de réalisation avec un maître d’oeuvre pour définir la solution, sélectionner les fournisseurs d’équipements, suivre l’installation et coordonner l’ensemble des actions jusqu’au démarrage opérationnel.
Les facteurs clés de la réussite :
-Penser à l’évolutivité de la solution,
-Eviter les moutons à cinq pattes et opter pour des processus robustes,
-Maîtriser les interfaces entre bâtiment, process et SI (ERP / WMS /WCS),
-Respecter la réglementation,
-Penser à l’ergonomie des postes de travail,
-Piloter l’implémentation (anticipation, planification, coordination, qualification),
-Privilégier un basculement progressif de l’activité au moment du démarrage,
-Garantir la continuité de l’exploitation en envisageant une solution de repli.
3-Pouvez-vous donner un exemple concret d’automatisation mené par vos soins ?
Un grand nom du prêt à porter et de la lingerie a investi pour ses enseignes près de 20M€ dans ses différents sites logistiques. Par rapport à son organisation initiale, relativement manuelle, la solution mécanisée a permis d’obtenir un facteur supérieur à 2 sur la productivité globale. L’investissement a été rentabilisé en moins de 5 ans. Par la même occasion, la capacité et le taux de service ont été améliorés.
La mécanisation a consisté principalement à supprimer les manutentions manuelles avec la transitique, à diminuer les déplacements dans le stock en massifiant les prélèvements (prélèvement des quantités globales par référence et tri automatique par client dans un deuxième temps) et à optimiser les surfaces et les volumes en stockant en automatique les articles à plat.
4-Tout entreposage est-il finalement mécanisable ? Pour quels types d’industries le procédé peut-il fonctionner au mieux ? Quels sont les risques ?
Tout entreposage n’est pas forcément mécanisable. Une activité qui fonctionne exclusivement à la palette aura du mal à justifier une mécanisation sauf à vouloir contrer des considérations foncières ou de coût de bâtiment.
Plus on se rapproche de l’article, du traitement à l’unité, plus la mécanisation a des chances de trouver sa place. Un site logistique qui expédie des colis de détail, n’est ni plus ni moins qu’une usine qui assemble des commandes et qui fabrique des colis. C’est la volumétrie qui, implicitement, induit la répétitivité des opérations manuelles que la mécanisation peut supprimer.
Les fonctions de l’entrepôt que l’on peut mécaniser sont relativement limitées : le stockage palettes, le stockage colis, la préparation de commandes, l'emballage, le tri et les manutentions.
On trouve ces activités dans des secteurs comme la pharmacie, la cosmétique, l’agro-alimentaire, les pièces détachées (pour l’automobile par exemple), la distribution textile, la VPC ou encore dans le commerce électronique bien sûr.
Notons enfin que les principaux risques à mécaniser consistent à mettre en oeuvre une solution trop spécifique ou peu évolutive, prévoir des budgets sous-estimés, avoir une conception inadaptée ou des interfaces mal maîtrisées avec les systèmes d’information, ou démarrer trop rapidement sans solution de repli.
5-Va-t-on vers la fin de l’entrepôt classique avec ces méthodes ? Peuvent-elles se généraliser davantage ?
Il y aura toujours des entrepôts classiques pour les logistiques hors du spectre des critères et seuils décisionnels que nous avons évoqués plus haut.
La généralisation de la mécanisation n’est donc pas envisageable, car elle ne se justifie pas financièrement.
En revanche, en termes de mécanisation, il existe encore des terrains à explorer et à fort potentiel. Aujourd’hui, le chargement /déchargement des camions est une voie d’avenir car encore sous-exploitée. Elle séduira d’autant plus si elle peut se faire sans dédier le camion ou le quai et intégrer des formats de palettes et de chargements hétérogènes. Au-delà de la productivité générée sur la manutention, elle permettrait de limiter le temps d’attente des camions et, à terme, de réduire le coût des transports.
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